Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rakshasî, le héros aux longs bras avertit d’un regard Sîtâ et Lakshmana. Ensuite Râma, cet orateur habile à tisser les paroles, se mit à dire ces mots à Çoûrpanakhâ, mais pour se moquer :

« Je suis lié par l’hymen ; tu vois mon épouse chérie : une femme de ta condition ne peut s’accommoder ainsi d’une rivale. Mais voici mon frère puîné, qui a nom Lakshmana, beau, joli à voir, d’un bon caractère, plein d’héroïsme et qui n’est point marié. Il sera un époux assorti à cette beauté, dont je te vois si bien douée ; il est jeune, il a besoin d’une épouse, ses formes sont gracieuses ; il est d’un extérieur enfin qui plaît aux yeux. »

À ce discours, la Rakshasî, qui changeait de forme à sa volonté, quitte Râma brusquement et se tourne avec ces mots vers Lakshmana : « Aime-moi donc, ô toi, qui donnes l’honneur, moi, qui suis une épouse assortie à ta beauté : tu auras du plaisir à te promener avec moi dans la ravissante forêt Dandaka. »

À ce langage de Çoûrpanakhâ, le fils de Soumitrâ, habile dans l’art de parler, fixa les yeux sur la Rakshasî et lui répondit en ces termes : « Est-ce qu’il te siérait, devenant mon épouse, de servir un serviteur ? car je suis, ma haute dame, soumis à la volonté de mon noble frère aîné. À toi, femme de la plus éminente perfection, il te faut un homme de la plus haute fortune ; il n’y a qu’un sage qui soit digne de toi, douée entièrement des vertus que l’on désire : unie à ce noble personnage, sois donc ici, femme aux grands yeux, la plus jeune de ses deux épouses. »

Il dit ; à ces mots de Lakshmana, qui semblait deviner, sous la métamorphose de la méchante fée, ses dents longues et saillantes avec son ventre bombé, elle