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Râma d’embrasser la fille éplorée du roi Djanaka, et, consumé de tristesse, fixant un regard sur Lakshmana, il adressa au Soumitride ces paroles désolées : « Apporte-moi des fruits d’ingouda, du marc de sésame, un habit d’écorce, le plus sain des vêtements : je vais aller, fléau des ennemis, offrir l’eau funèbre aux mânes de mon père. Que Sîtâ marche devant ! Toi, suis-la de près ! Moi, j’irai par derrière ! Hélas ! cette procession est bien cruelle à mon cœur ! »

Les glorieux héros parvinrent non sans peine à ce fleuve saint, délicieux, aux ondes fraîches, aux charmants tîrthas, aux forêts nombreuses et fleuries. Entrés dans un endroit uni, tous, ils répandirent l’onde heureuse et limpide, en s’écriant : « Que cette eau soit pour lui ! » Le plus vertueux des fils de Raghou, levant ses mains réunies en coupe et remplies d’eau, articula ces mots en pleurant, le visage tourné vers la plage soumise à l’empire d’Yama : « Cette eau limpide, roi des rois, la plus sainte des eaux, qui t’est donnée par moi, puisse-t-elle servir à jamais pour étancher ta soif dans les royaumes des Mânes ! »

Ensuite, le fortuné monarque des hommes accomplit avec ses frères dans un lieu pur et sur la rive de la Mandâkinî les oblations funèbres, qu’il devait à l’ombre de son père. Il étala des fruits d’ingouda avec des jujubes mêlés à du marc de sésame sur une jonchée d’herbes kouças et dit ces mots, le cœur tout bourrelé de chagrins : « Grand roi, mange avec plaisir ces aliments, que nous mangeons nous-mêmes ; car, sans doute, la nourriture de l’homme est aussi la nourriture des Mânes et des Dieux ! »

Les confuses clameurs de ces princes à la force puissante,