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au conducteur de son char : « Cocher, la ville d’Ayodhyâ ne se montre point à mes regards avec des mouvements très-joyeux : ses jardins et ses bosquets sont flétris ; sa splendeur est comme effacée.

« Je vois même étalés maintenant partout de lugubres symboles : d’où vient, conducteur de mon char, d’où vient ce tremblement qui agite maintenant tout mon corps ? »

Tandis qu’il parlait ainsi, Bharata, avec ses chevaux fatigués, entra dans cette ville délicieuse, au milieu des hommages que rendaient à sa personne les gardes et les concierges des portes.

Quand il vit, dans son intérieur, cette noble ville, souillée dans ses portes et ses ventaux brunis de poussière ; cette ville, pleine d’un peuple désolé, et néanmoins déserte dans ses grandes rues, ses édifices, ses carrefours solitaires, il fut encore plus accablé de chagrin. Sous l’aspect de ces choses douloureuses pour l’âme et qui n’existaient pas dans un autre temps au sein de cette royale cité, le jeune magnanime entra dans le palais de son père, la tête courbée sous le poids de son triste pressentiment.

Étant donc entré dans ce palais riche, admirable aux yeux et semblable au palais de Mahéndra, Bharata ne vit pas son père. Et, comme il n’avait point aperçu là son père dans cette maison du roi, Bharata de sortir aussitôt pour aller dans l’habitation de sa mère. À peine eut-elle vu son fils arrivé, Kêkéyî s’élança précipitamment de son siége, les yeux épanouis par la joie. Entré d’une âme empressée dans ce palais de sa mère, le tout-puissant Bharata, courbant la tête, prit ses pieds avec respect. Elle, à son tour, de baiser Bharata sur la tête,