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lard, à qui le désir de voir son fils inspirait des paroles si touchantes, je lui dis, agité par la crainte, les mains jointes, la gorge pleine de sanglots, tremblant et d’une voix que la terreur faisait balbutier, mais dont ma fermeté cherchait à soutenir la force : « Je suis un kshatrya, on m’appelle Daçaratha ; je ne suis pas ton fils : je viens chez toi, parce que j’ai commis un forfait épouvantable, en horreur à tous les hommes vertueux. J’étais allé, saint anachorète, mon arc à la main, sur les rives de la Çarayoû, épier les bêtes fauves, que la soif conduirait à ses eaux, où mon plaisir était de les atteindre sans les voir. Dans ce temps, le son d’une cruche qui s’emplissait vint frapper mon oreille : je dirigeai une flèche sur ce bruit et je blessai ton fils, croyant que c’était un éléphant. Aux pleurs que lui arracha mon dard en lui perçant le cœur, je courus tout tremblant au lieu d’où ils partaient, et je vis un jeune pénitent. C’est bien la pensée que j’avais un éléphant vis-à-vis de moi, saint anachorète, et mon adresse à percer une bête, sans la voir, à son bruit seul, qui m’ont fait décocher vers les eaux cette flèche de fer, dont, hélas ! fut blessé ton fils. Après que j’eus retiré ma flèche de sa blessure, il exhala sa vie et s’en alla au ciel ; mais, avant, il avait déploré bien longtemps le sort de vos saintetés. C’est par ignorance, vénérable anachorète, que j’ai frappé ton fils bien-aimé… Tombé ainsi moi-même sous les conséquences de ma faute, je mérite que tu déchaînes contre moi ta colère. »

« À ces paroles entendues, il demeura un instant comme pétrifié ; mais, quand il eut repris l’usage des sens et recouvré la respiration, il me dit à moi, qui me tenais devant lui mes deux mains humblement réunies : « Si, devenu coupable d’une mauvaise action, tu ne me l’avais