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flots d’une eau trouble et vaseuse par-dessus les chaussées trop étroites. La terre, égayée par cette riche ondée, conçue au sein des nuées, brillait sous sa verte parure de gazons nouveaux, où se jouaient le paon et le coucou radié.

« Tandis que cette agréable saison marchait ainsi dans sa carrière, j’attachai, dame bien faite, deux carquois sur mes épaules, et, mon arc à la main, je m’en allai vers la rivière Çarayoû. J’arrivai de cette manière sur les rives désertes de cette belle rivière, où m’attirait le désir de tirer sur une bête, sans la voir, à son bruit seul, grâces à ma grande habitude des exercices de l’arc. Là, je me tenais caché dans les ténèbres, mon arc toujours bandé en main, près de l’abreuvoir solitaire, où la soif amenait, pendant la nuit, les quadrupèdes habitants des forêts. Là, dirigeant une flèche du côté que j’avais entendu sortir le bruit, il m’arrivait de tuer soit un buffle sauvage, soit un éléphant ou tel autre animal venu au bord des eaux.

« Alors et comme il n’était rien que mes yeux pussent distinguer entre les objets sensibles, j’entendis le son d’une cruche qui se remplissait d’eau, bruit tout semblable même au barit que murmure un éléphant. Moi aussitôt d’encocher à mon arc une flèche perçante, bien empennée, et de l’envoyer rapidement, l’esprit aveuglé par le Destin, sur le point d’où m’était venu ce bruit.

« Dans le moment que mon trait lancé toucha le but, j’entendis une voix jetée par un homme qui s’écria sur un ton lamentable : « Ah ! je suis mort ! Comment se peut-il qu’on ait décoché une flèche sur un ascète de ma sorte ? À qui est la main si cruelle, qui a dirigé son dard contre moi ? J’étais venu puiser de l’eau pendant