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« Que la forêt où va ce noble enfant de Raghou soit désormais notre cité ! Que cette ville, abandonnée par nous, soit réduite à l’état d’une forêt ! oui, notre ville sera maintenant où doit habiter ce héros magnanime ! Quittez les cavernes et les bois, serpents, oiseaux, éléphants et gazelles ! Abandonnez ce que vous habitez, et venez habiter ce que nous abandonnons ! »

Promenant ses regards en souriant au milieu de cette multitude affligée, le jeune prince, affligé lui-même sous l’extérieur du contentement, allait donc ainsi, désirant voir son père et comme impatient d’assurer à la promesse du monarque toute sa vérité.

Mais avant que Râma fût arrivé, accompagné de son épouse et de Lakshmana, le puissant monarque, plein de trouble et dans une extrême douleur, employait ses moments à gémir.

Alors Soumantra se présenta devant le maître de la terre, et, joignant ses mains, lui dit ces mots, le cœur vivement affligé : « Râma, qui a distribué ses richesses aux brahmes et pourvu à la subsistance de ses domestiques ; lui-même, qui, la tête inclinée, a reçu ton ordre, puissant roi, de partir dans un instant pour les forêts ; ce prince, accompagné de Lakshmana, son frère, et de Sîtâ, son épouse ; ce Râma enfin, qui brille dans le monde par les rayons de ses vertus, comme le soleil par les rayons de sa lumière, est venu voir ici tes pieds augustes ; reçois-le en ta présence, s’il te plaît ! »

Il dit, et le roi, de qui l’âme était pure comme l’air, poussa de brûlants soupirs, et, dans sa vive douleur, il répondit ainsi :

« Soumantra, conduis promptement ici toutes mes