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bois chéris des anachorètes, sache te plaire, ô ma bien-aimée, dans les abstinences et la dévotion.

« Tu dois, chère Sîtâ, pour l’amour de moi, obéir d’un cœur sans partage à ma bonne mère, accablée sous le poids de la vieillesse et par la douleur de mon exil. »

Il dit ; à ce langage désagréable à son oreille, Sîtâ aux paroles toujours aimables répondit en ces termes, jetés comme un reproche à son époux : « Un père, une mère, un fils, un frère, un parent quelconque mange seul, ô mon noble époux, dans ce monde et dans l’autre vie, le fruit né des œuvres, qui sont propres à lui-même. Un père n’obtient pas la récompense ou le châtiment par les mérites de son fils, ni un fils par les mérites de son père ; chacun d’eux engendre par ses actions propres le bien ou le mal pour lui-même, sans partage avec un autre. Seule, l’épouse dévouée à son mari obtient de goûter au bonheur mérité par son époux ; je te suivrai donc en tous lieux où tu iras. Séparée de toi, je ne voudrais pas habiter dans le ciel même : je te le jure, noble enfant de Raghou, par ton amour et ta vie ! Tu es mon seigneur, mon gourou, ma route, ma divinité même ; j’irai donc avec toi : c’est là ma résolution dernière. Si tu as tant de hâte pour aller dans la forêt épineuse, impraticable, j’y marcherai devant toi, brisant de mes pieds, afin de t’ouvrir un passage, les grandes herbes et les épines. Pour une femme de bien, ce n’est pas un père, un fils, ni une mère, ni un ami, ni son âme à elle-même, qui est la route à suivre : non ! son époux est sa voix suprême ! Ne m’envie pas ce bonheur ; jette loin de toi cette pensée jalouse, comme l’eau qui reste au fond du vase après que l’on a bu : emmène-moi, héros, emmène-moi sans défiance : il n’est rien en moi qui sente la méchanceté. L’asile