Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.


À ce discours de Râma, où le respect senti pour sa mère se mêlait aux enseignements sur le devoir, Kâauçalyâ dit, les yeux baignés de larmes :

« Va, mon fils ! Que le bonheur t’accompagne ! Exécute l’ordre même de ton père. Revenu ici heureux, en bonne santé, mes yeux te reverront un jour. Oui ! je saurai me complaire dans l’obéissance à mon époux, comme tu m’as dit, et je ferai toute autre chose qui soit à faire. Va donc, suivi de la félicité ! »

Ensuite, quand elle vit Râma tout près d’accomplir sa résolution d’habiter les forêts, elle perdit la force de commander à son âme ; et, saisie tout à coup d’une vive douleur, elle sanglota, gémit et se mit à parler d’une voix où l’on sentait des larmes.


Au même instant, la princesse du Vidéha, absorbant toute son âme dans une seule pensée, attendait, pleine d’espérance, la consécration de son époux, comme héritier de la couronne. Cette pieuse fille des rois, sachant à quels devoirs les monarques sont obligés, venait d’implorer, avec une âme recueillie, non-seulement la protection des Immortels, mais encore celle des Mânes ; et maintenant, impatiente de voir son époux, elle se tenait au milieu de son appartement, les yeux fixés sur les portes du palais, et pressait vivement de ses désirs l’arrivée de son Râma.

Alors et tout à coup, dans ses chambres pleines de serviteurs dévoués, voici Râma, qui entre, sa tête légèrement inclinée de confusion, l’esprit fatigué et laissant percer un peu à travers son visage abattu la tristesse de son âme. Quand il eut passé le seuil d’un air qui n’était pas des plus riants, il aperçut, au milieu du palais, sa