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Or, quand il eut fait connaître le jour et l’instant où l’onction royale serait donnée à Râma, le puissant monarque entra dans son gynæcée pour annoncer cette agréable nouvelle à Kêkéyî. Là, ce maître du monde, apprenant qu’elle était couchée sur la terre, abattue dans une situation indigne de son rang, il en fut comme foudroyé par la douleur. Ce vieillard s’avança tout affligé vers sa jeune femme, plus aimée de lui que sa vie même ; de lui à l’âme sans reproche, elle, qui nourrissait une pensée coupable.

S’étant donc approché de son épouse, qui désirait avec folie une chose funeste, odieuse à tous les hommes et qui serait blâmée du monde, il vit la noble dame renversée par terre. Il se mit à côté et la caressa tendrement, comme un grand éléphant caresse avec la trompe sa plaintive compagne, que la flèche empoisonnée d’un chasseur a blessée.

Après que ses mains eurent bien caressé la femme éplorée, de qui la respiration sanglotante ressemblait aux sifflements d’un serpent, le roi tint, d’une âme tremblante, ce langage à Kêkéyî : « Je ne sais pas ce qui put allumer cette colère en toi. Qui donc osa t’offenser, reine ! Ou par qui l’honneur qui t’est dû ne te fut-il pas rendu ? Pourquoi, femme naguère si heureuse et maintenant si désolée, pourquoi, à ma très vive douleur, es-tu couchée sur la terre nue et dans la poussière, comme une veuve sans appui, en ce jour où mon âme est toute joyeuse ? »

Il dit et releva sa femme éplorée. Elle, qui brûlait de lui dire cette chose funeste, qui devait augmenter le chagrin de son époux, répondit sur-le-champ à ces mots : « Je n’ai reçu aucune offense de personne, magnanime