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sur vos habitations, dans les villes, dans les bourgs ; par-tout attachons les gens de couleur libres ; méfiez-vous de ceux qui vont vous arriver d’Europe. C’est un de vos plus grands malheurs qu’on n’ait pas pu, dans une circonstance aussi critique, empêcher l’embarquement des gens de couleur qui étoient en France ; nous l’avons demandé au ministre, l’esprit du jour s’oppose sur ce point à nos desirs : empêcher, sur notre demande même, l’embarquement des esclaves, seroit regardé comme un acte de violence qu’on dénonceroit à la nation.

Courage, chers compatriotes ! ne vous laissez point abattre ; nous continuerons de faire sentinelle pour vous : c’est tout ce que nous pouvons dans le moment présent ; le temps viendra sûrement où nous pourrons faire mieux. Il faut laisser refroidir les esprits ; cette crise ne durera pas : comptez sur nous ;  »

Cette lettre perfide, par la fausse alarme qu’elle donnoit, devoit nécessairement mettre en mouvement toute la colonie, l’armer et y retenir tous ses habitans, sur-tout les hommes de couleur, de qui on redoutoit les dépositions. Aussi les mots suivans, par-tout attachons les gens de couleur, n’étoient que de nouvelles chaînes qu’on conseilloit de leur donner ; et ces autres, méfiez-vous de