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— Je travaille à ma dernière œuvre. Elle seule me rattache à la vie ; en elle passeront ma force et mon âme d’artiste, je l’espère ; mais elle finie, tout sera bien fini !

J’essayai de réconforter son âme, et quand j’eus cessé de parler, il me dit en secouant tristement la tête :

— Le mal dont je souffre est incurable. Je sens que tous les ressorts en moi sont brisés. Je ne demande plus à Dieu qu’une chose, c’est de m’accorder la force nécessaire pour achever mon œuvre.

— Aurai-je le plaisir de la voir ?

— Oui, revenez dans quinze jours. J’espère qu’elle sera telle que je la veux. Enlevant alors le voile qui l’a cachée à tous les yeux, je vous montrerai l’image de celle qui m’a tant aimé, et je vous raconterai son histoire.

Dans la matinée du quinzième jour j’arrivai à la porte de l’atelier de Carlo. J’étais si pressé d’entrer que, voyant la clef en dehors, j’ouvris sans frapper, mais je m’arrêtai cloué sur le seuil. Carlo, dans un élan d’admiration, d’enthousiasme et d’amour, était monté sur l’escabeau qui était devant lui ;