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— C’est vrai, me contentai-je de lui répondre.

— Demain, je vous donnerai une séance, voulez-vous ?

— Je serai à vos ordres, mademoiselle.

Elle sortit de l’atelier. Je fus quelques minutes à me remettre. J’avais beau me dire que je ne l’aimerais jamais, et me rappeler l’image de Pia, je sentais que cette jeune fille troublait ma raison. Je résolus de demander l’autorisation à M. Palmer d’aller passer quelques jours à Prato. Mais je voulais terminer auparavant le modèle du buste de miss Margaret. Dès le lendemain je me remis à l’œuvre, et au bout d’une semaine le plâtre était moulé. Je pouvais partir. M. Palmer m’accorda une quinzaine. Au moment du départ sir Edwards voulut m’accompagner. Je ne pouvais m’y opposer ; et nous nous mimes en route. Mon compagnon de voyage s’arrêta à Florence et me dit qu’il viendrait me rejoindre à Prato.

Me sentant débarrassé de sa présence, qui pouvait m’être fort incommode, j’arrivai à Prato le cœur palpitant des plus douces émotions. Comme j’allais me dédommager de ce que j’avais souffert pendant cette longue absence ! Et Pia, de quels yeux allait-elle me revoir ? J’espérais, je tremblais.