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trouble qui m’agitait, elle me demanda timidement :

— « Cos’ hà vostra Signoria ? »

— « Niente affatto ! » lui répondis-je. Mais je mentais : j’avais l’amour dans le cœur, et cependant je souffrais. Pourquoi ? J’avais peut-être déjà le pressentiment de mes douleurs à venir.

Mon cher petit muet n’était pas un jour sans venir me voir, et chaque fois il m’apportait l’espérance que je pourrais échanger quelques mots avec la belle et déjà chère Pia. Souvent on ne venait pas le chercher ; il s’en allait seul, et j’étais triste pour tout le reste de la journée.

Enfin, Nino devint le trait d’union entre sa famille et moi. Je ne pouvais plus me contenter des rapides apparitions de Pia dans ma cour et des quelques mots que nous échangions. Dans les derniers jours, la pauvre enfant craignant de laisser trop tôt deviner le tendre sentiment qui l’occupait, se faisait accompagner, pour venir chercher Nino, d’une jeune fille sa parente et son amie, qui était venue passer quelque temps avec elle. Aussi ce fut avec une joie profonde que je me vis admis dans l’intérieur de sa famille.