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le laissai à lui seul, espérant que, au moment où je m’y attendrais le moins, je l’entendrais me parler et m’interroger. Il resta dans mon atelier au moins l’espace d’une heure, examinant tout, touchant à tout, et voulant se servir comme moi des outils qu’il me voyait employer. Il paraissait si heureux que je le laissai satisfaire toutes ses fantaisies.

À un moment, je débarrassai une maquette des linges qui l’enveloppaient, pour entretenir l’humidité dont elle avait besoin. À cette vue Nino poussa un petit cri, et me montrant du doigt la figure en terre, il porta sa main à ses joues en les caressant, et chercha à me faire comprendre, par sa mimique, qu’elle était bien jolie ! Mon Dieu, m’écriai-je alors, ce pauvre enfant est sans doute muet !

Presque au même instant, j’entendis une voix de femme crier : Nino ! Nino ! Je regardai dans la cour, et je vis la belle Pia. En l’apercevant à son tour, Nino battit des mains avec joie, et fit signe à sa tante de venir. Celle-ci, d’une voix qu’elle essayait de rendre sévère, lui intima l’ordre d’obéir. Mais le petit récalcitrant ne bougeait pas, et renouvelait ses appels à la jeune fille. Pia fut obligée de céder, et le prenant par la main sans franchir le seuil, elle me dit :