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est ravie, la campagne commence bien, et, pendant plusieurs jours, son visage s’épanouit lorsqu’on lui rappelle, avec des sourires pincés et jaloux, le succès de sa fille aînée.

La douceur de Jane n’a pas conquis que Bingley ; les sœurs de ce dernier l’ont trouvée charmante, et la plus jeune, qui n’est pas encore mariée, est enchantée de découvrir une amie aussi docile. Après quelques rencontres des Bingley et des Bennet dans les salons de Meryton, Jane est enfin invitée à passer toute une journée à Netherfield. Malheureusement, Darcy et Bingley ne seront pas là, ils dînent chez des amis, et cela gâte un peu la joie de Mrs. Bennet. Mais elle est optimiste ; le temps est à la pluie, il va certainement devenir tout à fait mauvais, Jane sera peut-être retenue à Netherfield jusqu’au lendemain ; et, mère prévoyante, elle prend toutes ses précautions pour que sa fille ne puisse pas rentrer. Elle prouve que la voiture n’est pas disponible, et oblige Jane à se rendre à cheval chez ses amies. Son espoir se réalise. Jane est à peine partie qu’il se met à pleuvoir à flots, et le soir elle ne revient pas. Cependant ce n’est que le lendemain matin que Mrs. Bennet connaît tout le succès de sa manœuvre. Jane a pris froid dans son voyage sous la pluie et doit rester chez ses amies. Jamais sa mère n’a été si heureuse ; sa fille malade à Netherfield, c’est l’intimité forcée avec les Bingley, c’est la victoire presque assurée !

Elisabeth va prendre des nouvelles, et on la retient pour tenir compagnie à sa sœur. Ainsi tout naturellement elle se retrouve en face de Darcy, et nous allons pouvoir assister à l’évolution des sentiments des deux adversaires. Les petits incidents d’un contact journalier, autour d’une table à thé, devant un jeu de cartes, des conversations sur les livres, des discussions sur l’éducation des femmes, fournissent à Darcy l’occasion de mieux apprécier la jeune fille. Il s’aperçoit que si ses traits ne