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fermé ; et, après s’être assurée d’un coup d’œil inquiet que l’une de ses petites feuilles ne s’est pas envolée et ne va pas la trahir, Jane est la première à faire les honneurs de la maison.

L’Abbaye de Northanger restait toujours méprisé parmi les manuscrits de rebut, chez Mr. Crosby, l’éditeur de Londres. Il n’y avait pas de raison pour qu’il reçut maintenant un accueil moins favorable de Mr. Egerton que ses deux aînés. Henry Austen alla proposer à Mr. Crosby de lui rembourser les deux-cent-cinquante francs qu’il avait versés, contre la remise du manuscrit. L’éditeur, enchanté de recouvrer une somme passée depuis longtemps à ses profits et pertes, accepta avec empressement. Lorsqu’il eut le roman entre les mains, Henry Austen eut la cruauté d’informer le maladroit commerçant que L’Abbaye de Northanger et Raison et Sensibilité étaient du même auteur, et qu’en croyant réparer un mauvais marché il venait de manquer une excellente affaire. Jane fit un peu comme Mr. Grosby, elle garda le manuscrit dans ses tiroirs, et se contenta de rédiger une préface où elle prévenait le lecteur que dans l’intervalle de treize années écoulées depuis la rédaction du roman « les lieux, les manières, les livres, et les opinions avaient considérablement changé ». Mais elle n’exprime cependant aucune velléité de remanier le livre. Il ne fut publié qu’après sa mort en 1818.

Elle préférait probablement s’occuper de ses nouveaux romans, dont elle était plus satisfaite. Mansfield Park par « l’auteur de Raison et Sensibilité et d’Orgueil et Préventions parut en juillet 1814. Le public l’accueillit très favorablement, et dès le mois de novembre de la même année la première édition était épuisée. Jane paraît avoir eu alors quelques difficultés avec Mr. Egerton, car elle confie la deuxième édition à un autre éditeur Mr. Murray.

Malgré les précautions de Jane, quelques personnes réussirent à percer son anonymat. Son frère Henry,