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et le potager faisait les délices de la vieille Mrs. Austen qui, en prenant des années, avait oublié ses anciens malaises, et passait tout son temps à jardiner, fagotée comme une maraîchère.

Steventon n’était qu’à quelques milles, et Jane Austen[1] y remplissait toujours les fonctions de pasteur. Jane se retrouva dans le milieu où s’était écoulée sa jeunesse ; elle revit quelques connaissances qui avaient servi, sans qu’on put les y reconnaître, de modèles aux personnages de ses livres ; le vieux salon paternel lui rappela les heureux moments passés « à peindre sur son petit morceau d’ivoire avec son fin pinceau » [2] les délicieux portraits du tout Basingstoke. La vie calme de la campagne lui laissait plus de loisirs qu’à Bath et à Southampton ; elle relut ses premiers romans et les retoucha probablement. On sent en effet dans Orgueil et Préventions et dans Raison et Sensibilité plus de sûreté dans les développements et plus de maturité dans le style que dans L’Abbaye de Northanger publié sous sa forme primitive. Elle reprit confiance, et, comme Raison et Sensibilité n’avait encore été soumis à aucun éditeur, elle pensa qu’il pourrait recevoir un meilleur accueil que n’avait eu ses deux autres romans.

Elle hésita beaucoup avant de tenter cette nouvelle démarche, et son frère Henry raconte qu’il fallut les insistances de toute la famille pour la décider. Ce ne fut qu’en 1811, deux ans après son arrivée à Chawton, qu’elle présenta ou fit présenter Raison et Sensibilité à Mr. Egerton. éditeur à Londres. Il consentit à publier le roman, mais aux frais et risques de l’auteur. Jane accepta et se mit à faire des économies pour compenser la perte, si son livre n’avait pas de succès. Elle était maintenant fort impatiente de le voir paraître et elle envoya à différentes reprises son frère Henry presser l’imprimeur.[3]

  1. WS : bizarre sans doute un frère.
  2. Letters of Jane Austen, edited by Lord Brabourne.
  3. WS : ajout d’un point