Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

cette alternative d’espoir et de découragement qui lui fit entreprendre, puis abandonner un roman intitulé Les Watsons, dont on a retrouvé des fragments dans ses papiers, et qui d’après Mr. Austen-Leigh aurait été écrit à Bath.

Nous ne connaissons ces mésaventures de sa carrière d’écrivain que par les récits tardifs et souvent de seconde main de ses neveux et petits-neveux. Jusqu’en 1813, on ne trouve dans ses lettres aucune trace de ces échecs, aucune allusion, aucune plainte. Elle ne s’applique qu’à mentionner en détail les petits incidents qui égaient la société de Bath, les menus potins des Rooms, tous les plis de ses toilettes et de celles de ses amies, comme le ferait la plus insignifiante petite bourgeoise, la plus écervelée des mondaines.

Souvent l’une des deux sœurs, Jane ou Cassandra, allait passer quelques semaines chez l’un de leurs frères. Pendant cette séparation elles s’écrivaient assidûment, et c’est cette correspondance prime-sautière, pleine de confiance et d’abandon, qui nous renseigne le plus exactement sur le caractère si affectueux et les goûts si simples de la grande romancière. Nous y apprenons qu’elle a fait, avec ses parents, en 1804, un assez long séjour à Lyme, une plage à la mode, où elle paraît avoir pris autant de plaisir aux promenades dans les environs pittoresques et romantiques et aux longues rêveries devant la mer qu’à l’animation des bals. Le souvenir qu’elle en garda imprègne d’une délicate poésie l’un des meilleurs chapitres de Persuasion, écrit dix ans plus tard. Les habitants de Lyme sont fiers aujourd’hui de la visite que Jane Austen a rendu à leur ville, il y a plus d’un siècle, et ils montrent aux visiteurs la maison qu’elle a occupé.

La santé de Mr. Austen jetait une ombre sur les dernières joies de la jeunesse de Jane ; il s’affaiblissait de jour en jour, et, en 1805, il mourut. Il n’avait pas de