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de suivre le conseil qui jaillit des doux yeux de Miss Austen, de finir plus et d’être plus impersonnelle. Mais je n’en suis pas sûre non plus. [1] » La passionnée jeune femme ne peut comprendre le fin et calme talent qui imprègne Orgueil et Préventions ; et G. H. Lewes insistant pour qu’elle reconnaisse en son auteur l’un des plus grands artistes, des plus grands peintres du caractère humain qui aient jamais vécu, un des écrivains qui ont eu le sens le plus exact des moyens à employer pour arriver à leur but », elle se révolte et répond : « Miss Austen étant, comme vous l’avouez, sans poésie et sans sentiment, se montre peut-être clair-voyante et réaliste (plus réaliste que vraie), mais elle ne peut pas être grande ». Cependant elle lit ces livres qui lui sont antipathiques ; puis, inconsciemment peut-être, elle met dans Shirley et dans Villette plus de réalisme, une plus fine observation psychologique que dans son premier roman ; et elle ne peut s’empêcher de se réjouir, dans une de ses lettres, de voir comparer et même préférer son Mr. Paul à Mr. Knightley. C’est ainsi qu’elle indique elle même le rapprochement qu’on peut faire entre ces deux personnages, tous d’eux d’âge mûr, tous deux supérieurs à leur entourage, tous deux grognons, tous deux gagnant lentement par leurs solides qualités l’amour de femmes plus jeunes de vingt ans. Nous savons bien que Mr. Paul est le portrait du maître de pension qu’a aimé Miss Brontë et qu’elle n’avait pas besoin d’autre modèle. Il est cependant curieux que ses personnages se rapprochent de ceux de Miss Austen en même temps qu’un souci de vraisemblance tempère son goût des situations mélodramatiques, précisément après avoir pratiqué les lectures conseillées par Mr. G. H. Lewes.

Lorsqu’on prononce le nom de Mr. G. H. L

  1. Charlotte Brontë’s letters.