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TRAGÉDIE. 7j

Je l'obfervois hier, & je voyois Ces yeux Lancer fur le lieu faint des regards furieux ; Comme Ci , dans le fond de ce vafte édifice , Dieu cachoic un vengeur armé pour fon fupplice. Croyez-moi , plus j'y penfe, &c moins je puis doutée Que fur vous fon courroux ne foit près d'éclater j Et que de Jézabel la fille fanguinaire ! Ne vienne attaquer Dieu jufqu'en fon fanduaire.

J G A D.

Celui qui met un frein à la fureur des flots , '< Sait aufli des méchants arrêter les complots, ! Soumis avec refpeéi à fa volonté faintc ,

Je crains Dieu, cher Abner, & n'ai point d'autre craînte, i Cependant je rends grâce au zèle officieux j Qui fur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux. ! Je vois que l'injullice en fecret vous irrite , I Que vous avez encor le cœur Ifraélite. i Le ciel en foit béni. Mais ce fecret courroux , j Cette oifive vertu , vous en contentez-vous ? I La foi qui n'agit point , ell-ce une foi finccre î ! Huit ans déjà paffés, un impie étrangère ' Du fceptre de David ufurpe tous les droits ,

Se baigne impunément dans le fang de nos rois ,

Des enfans de fon fils déteftable homicide , Et même contre Dieu levé fon bras perfide. Et vous , l'un des fouticns de ce tremblant état , Vous , nourri dans les camps du faine roi Jofaphat , I Qui fous fon fils Joram commandiez nos armées , I Qui rafTurâtes feul nos villes allarmées. i Lorfque d'Okofîas le trépas imprévu Difperfa tout fon camp â l'afpedt de Jéhu ; Je crains Dieu , dites-vous , fa vérité me touche. Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche ; Du zèle de ma loi que fert de vous parer î Par de ftériles vœux penfez-vous m'honorer î Quel fruit me revient-il de tous vos facrifices î Ai-jc befoiii du fang des boucs & de« géniffes i

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