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ordres , tant pour établir de grands magafîns de vivres & de munitions le long de la Meufe & dans {es places frontières des Pays-Bas, que pour faire hyverner commo- dément dans les provinces voifines de grands corps de troupes , fous prétexte d'obferver celles des enne- mis qui y groffifToicnt continuellement. Il fit aufTi des augmentations confidérables de cavalerie & d'infan- terie , & difpofa enfin toutes chofes avec fa prévoyance ordinaire. Mais en même temps il préparoit une puilfante diverfion du côté, de l'Angleterre , où il pre- noit des mcfures pour y rétablir fur le trône le légi- time fouverain.
Les alliés de leur côté ne formoîent pas , comme j'ai dit , de petits projets. Le prince d'Orange > en padant la mer , l'avoit auflî fait repaflcr à fes meil- leures troupes , & en afTcmbloit de toutes parts un grand nombre d'autres qu'il établiflbit dans toutes les places de fon parti les plus proches de celles de France. Il avoir foin fur-tout d'en remplir les places des Efpagnols , defquellcs par ce moyen il fe propofoii de fe rendre infenfiblement le maître.
Il fe tenoit de continuelles conférences à la Haye entre lui &c les autres confédérés , fur l'emploi qu'ils dévoient faire de leurs forces , ne fe promettant pas moins que de faire une irruption en France au com- mencement du printemps. Dans cette vue ils faifoient travailler à un prodigieux amas de tout ce qui eft né- ceflaire pour une grande expédition, & fe tenoient tellement fùrs du fuccès , qu'ils ne daignoient pas même cacher les délibérations qui fe prenoient dans leurs affèmblées.
Ces conférences finies , le prince d'Orange s'étoît retiré à Loô , maifon de plaifance qu'il a dans le - pays de Gueldres , lieu folitaire &: conforme à fon hu- meur fombre & mélancolique , où d'ailleurs il trou- voit le plus de facilité pour entretenir fes correfpon- dances fecrettes. Le déplaifir qu'il avoir eu l'année précédente de voir prendre Mons en fa préfencc , fans
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