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Mais , quelle que foit votre puiflancc , elle avok en- core befoin du fecours de vocie bonté : c’cfl en ga- gnant le cœur des héiétiques , que vous domptez l’obllination de leur efprit ; c’eft par vos bienfaits que vous combattez leur endurciflement, ÔC ils ne fc- roient peut-être jamais rentrés dans Je fein de l’E- glife par uns autre voie , que par le chemin femé de fleurs que vous leur avez ouvert.

Aufli faut-il avouer, Sike, quelque intérêt que nous ayons à l’excindtion de J’héréfîe , notre joie l’emporteroit peu fur notre douleur , fi , pour fur- monter cette hydre , une fâcheufe nécelfité avoir forcé votre zHe à recourir au fer &: au feu , comme on a été obligé de faire dans les règnes précédens. Nous prendrions part à une guerre qui feroit fainte, & nous en aurions quelque horreur, parce qu’elle feroit fan- glante : nous ferions des vœux pour le fuccès de vos armes facrées ; mais nous ne verrions qu’avec tremblement les terribles exécutions dont le Dieu des vengeances vous feroit l’inftrument redoutable : enfin nous mêlerions nos voix aux acclamations publiques fur vos viQoires, & nous gémirions en fecret fur un triomphe , qui , avec la défaite des ennemis de TE- glife , envelopperoit la perte de nos frères.

Aujourd’hui donc que vous ne combattez l’orgueil de l’héréfie que par la douceur & par la fageflè du gouvernement ; que vos loix foutenues de vos bien- faits font vos feules armes, ôcque les avantages que vous remportez ne font dommageables qu’au démon de la révolte &: du fchifmc, nous n’avons que de pures ac- tions de grâces à rendre au ciel , qui a infpiré X Votre Majesté ces doux &c Cages moyens de vaincre l’erreur , & de pouvoir , en mêlant avec peu de févérité beaucoup de grâces & de faveurs , ramener ^ TEglife ceux qui s’en trouvoient malheureufemenc féparés.

Nous le confefiTons, Sire , c’eft â Votre Majesté feule que nous devons bien-tôt le rétabliffement entier

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