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iji ŒUVRES

peut-être porter l'hiftoire aiiifi loin que M. Corneille a porté la tragédie. Mais, après tout ce que vous avez dit fur fon fujet, ( g ) vous, Monfîeur, qui, par l'élo- quent difcours que vous venez de faire , vous êtes montré fi digne de lui fuccéder, je n'ai garde de vouloir entreprendre un éloge, qui, fans rien ajouter à fa louange , ne feroit qu'alïoiblir l'idée que vous avez donnée de fon mérite.

Nous avons perdu en lui un homme qui, après avoir donné au barreau une partie de fa vie , s'étoit depuis appliqué tout entier à l'étude de notre ancienne hif- toire. Nous lui avons choifi pour fuccefTeur un homme qui , après avoir été allez long-temps l'organe d'un parlement célèbre, a été appelle à un des plus impor- tans emplois de l'état, & qui, avec une connoiflànce exade & de l'hiftoire & de tous les bons livres , nous apporte encore quelque chofe de bien plus utile & de bien plus confidérable pour nous , je veux dire , la con- noillance parfaite de la merveilleufe hiftoire de notre proredleur.

Et qui pourra mieux que vous ( h ) nous aider à par- ler de tant de grands événemens , dont les motifs & les principaux refibrts ont été fi fouvent confiés à votre fidélité , à votre fageflè ? Qui fait mieux à fond tout ce qui s'eft pafie de mémorable dans les cours étrangères, les traités , les alliances , & enfin toutes les impor- tantes négociations qui, fous fon règne, ont donné le branle à toute l'Europe ?

Toutefois , difons la vérité , Monfieur : la voie de la négociation eft bien courte fous un prince qui , ayant toujours de fon côté la puiffance & la raifon, n'a befoin, pour faire exécuter fes volontés, que de les dé- clarer. Autrefois la France , trop facile à fe laiflèr fur-

(g) à M. Bergère t.

(b) M. Bergeret êtoit premier Commis de M. Croijfy , Miniftre & Secrétaire 'd'Etat fonr les affaires étrangères.

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