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Il ESTHER,

Depuis plus de fix mois que je te fais chercher , Quel climat, quel défert a donc pu te cacher î

Elise. Au bruit de votre mort juftement éplorée , Du refte des humains je vivois féparée , Et de mes triftcs jours n'attendois que la fin ; Quand tout-à-coup , Madame, un prophète divin : C'eft pleurer trop long -temps une mort qui t'abufe , Leve-toi , m'a-t-il dit , prends ton chemin vers Suze, Là, tu verras d'Efther la pompe & les honneurs j Et fur le trône afiîs le fujei de tes pleurs. Raffure, ajouta-t-il, tes tribus allarmées : Sion , le jour approche , où le Dieu des armées Va de fon bras puifîant faire éclater l'appui , Et le cri de fon peuple eft monté jufqu'à lui. Il dit. Et moi , de joie & d'horreur pénétrée , Je cours. De ce palais j'ai fu trouver l'entrée. O fpeftacle 1 O triomphe admirable à mes yeux l Digne en effet du bras qui fauva nos ayeux ! Le fier Afluérus couronne fa captive , Et le Perfan fuperbe eft aux pieds d'une Juive. Par quels fecrets refforts , par quel enchaînemenç Le ciel a-t-il conduit ce grand événement î

E s T H E R.

Peut-être on t'a conté la fameufe difgrace De l'altière Vafthi , dont j'occupe la place , Lorfque le roi , contre elle enflammé de dépit i La chalfa de fon trône , ainfi que de fon lit. Mais il ne put fi-tôt en bannir la penfee. Vafthi régna long-temps dans fon ame ofFenfée. Dans fes nombreux états il fallut donc chercher Quelque nouvel objet qui l'en pût détacher. De rinde à l'HcUefpont fes efclaves coururent. Les filles de l'Egypte à Suze comparurent. Celles même du Parthe & du Scythe indompté ; Y briguèrent le Sceptre offert à la beauté. On mélevoit alors folitaire & cachée , ûc-i's les yeux vigilans du fage Mardochéc,

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