i,o ŒUVRES
��CANTIQUE III.
Plainte d'un Chrétien fur les contrariétés qu'il éprouve au-dedans de lui-même.
Tiré de faint Paul aux Romains , ch. 7.
i.Vl ON Dieu , quelle guerre cruelle ! Je trouve deux hommes en moi. L'un veut que , plein d'amour pour toi , Mon cœur te foit toujours fidèle. L'autre , à tes volontés rébelle , Me révolte contre ta loi.
L'un , tout efprit & tout célefte ; Veut qu'au ciel fans cefTe attaché , Et des biens éternels touché , Je compte pour rien tout le refte ; Et l'autre par fon poids funefte Me tient vers la terre panché.
Hélas , en guerre avec moi-même , Où pourrai-)e trouver la paix î Je veux , & n'accomplis jamais. Je veux. Mais , ô mifèrc extrême î Je ne fais pas le bien que j'aime , Et je fais le mal que je hais.
O grâce , 6 rayon falutaire , Viens me mettre avec moi d'accord î Et domptant par un doux effort Cet homme qui t'eft Ci contraire , Fais ton efclave volontaire De cet efclave de la mort.
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