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TRAGÉDIE. 105

Né mînîRre du Dieu qu'en ce temple on adore , Peut-être que Mathan le feiviioit encore , Si l'amour des grandeurs , la foif de commander , Avec Ion joug étroit pouvoient s'accommoder.

Qu'eft-il befoin , Nabal, qu'à tes yeux je rappelle De Joad &: de moi la fameufe querelle , Quand j'ofai contre lui difputer l'enccnfoir 5 Mes brigues, mes combats, mes pleurs, mon défefpoirî Vaincu par lui , j'entrai dans une autre carrière , Et mon ame à la cour .s'attacha toute entière^ J'approchai par degrés de l'orcillc des rois , Et bien-tôt en oracle on érigea ma voix. J'étudiai leur ceeur , je tlattai leurs caprices. Je leur femai de fleurs le bord àcs précipices. Près de leurs pallions rien ne me fut facrc. De mefure & de poids je changeois à leur gré. Autant que de Joad l'inflexible rudejGTe De leur fupcrbe oreille oiïenfoit la mollefle , Autant je les charmois par ma dextérité 5 Dérobant à leurs yeux la trifte vérité , Prêtant à leurs fu:eu;s des couleurs favorables , Et prodigue fur-cout du fang des miférables.-

Enfin, au Dieu nouveau qu'elle avoit introduit, Par les mains d'Athalie un temple fut conftruit. Jérufalem p!eua de fe voir profanée. Des enfaas di. Lévi la troupe ccnfternée , En poufla vers le ciel des hurlcmens affreux. Moi fc'j\ , donnant l'exemple aux timides HéDreûx 5"^ Défe; teui de leur loi , j'approuvai l'entreprife ,. Er pa;--là de Baal méritai la prêtrifc. Pa.-là je me rendis terrible à mon rival ,- Je ceignis la tiare, èc marchai fon égal. Toutefois , je l'avoue, en ce comble de gloire , Du Dieu que j'ai quitte l'importune mémoire Jette encore en mon ame un refte de terreur^ Et c'eft ce qui redouble Se nourrit ma fureur. Heureux , ii fur fon temple , achevant ma vengeance , Je puis convaincre enfin fa ha,ine d'impuiilancc 5

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