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px ATHALIE,

Deux fois mes triftes yeux fe font vus retracer Ce même enfant toujours tout prêt à me percer. Laffe enfin des horreurs dont j'étois pourfuivie , J'allois prier Baal de veiller fur ma vie , Et chercher du repos au pied de fes autels. Que ne peut la fray-eur fur l'cfprit des mortels l Dans le temple des Juifs un inftind m'a pouflee , Et d'appaifer leur Dieu j'ai conçu la penfée. J'ai cru que des préfcns calmeroient fon courroux ; Que ce Dieu, quel qu'il foit, en deviendront plus doux. Pontife de Baal , excufez ma foiblefle. J'entre. Le peuple fuit. Le facrifice cefle. Le Grand- Prêtre vers moi s'avance avec fureur. Pendant qu'il me parloir, 6 furprife ! ô terreur î J'ai vu ce même enfant dont je fuis menacée , Tel qu'un fonge effrayant l'a peint à ma penfée. Je l'ai vu. Son même air , fon même habit de lin , Sa démarche , fcs yeux , & tous Ces traits enfin. C'eft lui-même. Il marchoit à coté du Grand-Prêtre. Mais bien-tôt à. ma vue on l'a fait difparoître. Voilà quel trouble ici m'oblige à m'arrêter , Et fur quoi j'ai voulu tous deux vous confulter. Que préfage, Mathan , ce prodige incroyable î

M A T H A N.

Ce fonge & ce rapport , tout me femble effroyable.

A T H A L I £.

Mais cet enfant fatal , Abner, vous l'avez vu. Quel eil-il ? De quel fang ? Et de quelle Tribu ?

A B N E a.. Deux enfans à l'autel prêtoient leur miniftère. L'un eft fils de Joad , Jofabet eft fa mère. L'autre m'eft inconnu.

Mathan.

Pourquoi délibérer ? De tous les deux, Madame, il fe faut aflurcr. Vous favez pour Joad mes égards, mes mefures J Que je ne cherche point à venger mes injures 5

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