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TRAGÉDIE. JZ7

A C T E I I I.

SCENE PREMIERE.

PHEDRE, (EN ONE.

Phèdre.

/v H, QUE l'on porte ailleurs les honneurs qu'on m' envoi

Importune , peux-tu louhaitcr qu'on me voie ?

De quoi viens-tu flatter mon eiprit défolé ?

Cache- moi bien plutôt ; je n'ai que trop parlé.

Mes fureurs au dehors ont ofé f& répandre.

J'ai dit ce que jamais on ne devoit entendre.

Ciel , comme il m'écoutoit î Par combien de détours

L'infenfible a long-temps éludé mes difcours !

Comme il ne refpiroit qu'une retraite prompte l

Et combien fa rougeur a redoublé ma honte t

Pourquoi détournois-tu mon funefte defTèin ?

Hélas , quand Ion épée alloit chercher mon fein ,:

A-t-il pâli pour moi ! Me Ta-t-il arrachée I

Il fuffit que ma main l'ait une fois touchée ,

Je l'ai rendue horrible à fes yeux inhumains y

Et ce fer malheureux profaneroit Ces mainy,

(S N O N E.

Ainfî, dans vos malheurs ne fongeant qu'à vous plaindra Vous nourrilfcz un feu qu'il vous faudroit éteindre. Ne vaudroir-il pas mieux , digne fang de Minos , Dans de plus nobles foins chercher votre repos ? Contre im ingrat qui plaît recourir à la fuite î Régner , & de l'état embrafler la. conduite ?

Phèdre, Moi, régner ! Moi, ranger un état fous ma loi , Quand ma foible raifon ne règne plus fur moi 1 Lorfque j'ai de mes fcns abandonné l'empire ! Quand fous un joug honteux à peine je refpife l Quand je me meurs 1

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