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3oé PHEDRE,

Quelle fureur les borne au milieu de leur courfc ? Quel charme ou quel poifon en a tari la fource î Les ombres par crois fois ont cbfcurci les cieux , Depuis que le fommeil n'eft encré dans vos yeux ; Ec le joui a trois fois chafle la nuic obfcure , Depuis que vocre corps languit fans nourriture, A quel atfreux deflein vous laiilcz-vous tenter ? De quel droit fur vous-même ofez-vous attenter î Vous offenfez les dieux auteurs de votre vie j Vous trahiflez l'époux à qui la foi vous lie ; Vous trahiilez enfin vos enfans malheureux , Que vous précipitez fons un joug rigoureux. Songez qu'un même jour leur ravira leur mère , Et rendra l'efpérance au fils de l'étrangère , A ce fier ennemi de vous , de votre fang , Ce fils qu'une Amazone a porté dans fon flanc , Cet Hippolyte. . . .

P H É D R I.

Ah, Dieux I

(S N O K E.

Ce reproche vous touche î Phèdre. Malheureufe , quel nom eft forti de ta bouche î

(5 N G K E.

Hé bien, votre colère éclate avec raifon , J'aime à vous voir frémir à ce funefte nom. Vivez donc. Que l'amour, le devoir vous excite. Vivez , ne foufïrez pas que le fils d'une Scythe , Accablant vos enfans d'un empire odieux , Commande au plus beau fang de la Grèce ôc des dieux Mais ne différez poinc, chaque moment vous tue. Réparez promptemenc votre force abatue. Tandis que, de vos jours prêts à fe confumer , Le flambeau dure encore Se peut fe rallumer.

Phèdre. J'en ai trop prolongé la coupable durée.

(E N O N E.

Quoi î De quelques remords êtes-vous déchirée ?

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