TRAGÉDIE. 30Î
Quelle importune mam, en formant tous ces nœuds , A pris foin fur mon front d'aflembler mes cheveux ? Tout m'aîîligc & me nuit , & confpire à me nuire.
(E N O N E.
Comme on voit tous fes vœux l'un l'autre fe détruire ! Vous-même , condamnant vos injuftes defleins. Tantôt à vous parer vous excitiez nos mains, Vous-même , rappcllant votre force première , Vous vouliez vous montrer & revoir la lumière. Vous la voyez , Madame ; & prête à vous cacher , Vous haiflèz le jour que vous veniez chercher î
Phèdre. Noble & brillant auteur d'une trifte famille , Toi , dont ma mère ofoit fe vanter d'être fille , Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois , Soleil , je te viens voir pour la dernière fois l
(ffi N o N E. Quoi , vous ne perdrez point cette cruelle envie ? Vous verrai-je toujours , renonçant à la vie , Faire de votre mort les funeftes apprêts ?
Phèdre. Dieux, que ne fuis-je afliflc à l'ombre des forêts î Quand pourrai-je, au travers d'une noble pouffière ,'. Suivre de l'œil un char fuyant dans la carrière i
(ER N o N E.
Quoi , Madame ?
Phèdre. Infenfée , où fuis-je , & qu'ai-je dit î Où laifTai-je égarer mes vœux & mon efprit ? Je l'ai perdu. Les dieux m'en ont ravi l'ufage. (Enonc, la rougeur me couvre le vifage. Je te laifTe trop voir mes honteufes douleurs ; Et mes yeux , malgré moi , fe remplirent de pleurs.
(K N o N E,
Ah, s*il vous fatrt rougir, rougiflèz d'un fîlence , Qui de vos maux encore aigrit la violence. Rebelle à tous nos foins , fourde à tous nos difcours , Vculcz-vous , fans pitié , Jaifler finir vos jours i
�� �