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TRAGÉDIE. 283

Alors, de vos refpc(fls voyant les triftes fruits , Reconnoiiïez les coups que vous aurez conduits.

Iphigénie. Ah, Seigneur! Ah, cruel ! . .Mais il fuit, il m'échappe. O , toi, qui veux ma mort , me voilà feule , frappe , Termine , jufte Ciel , ma vie & mon effroi ; !Et lance ici des traits qui n'accablent que moi 1

��SCENE I I L

CLYTEMNESTRE , IPHIGENIE, REGINE , EURYBATE, Gardes,

Clytemnestre.

v^ Ui, je la défendrai contre toute l'armée. Lâches, vous trahiflcz votre reine opprimée !

E u R V B A T E.

Non , Madame, il fuffit que vous nous commandiez. Vous nous verrez combattre , & mourir à vos pietîs. Mais de nos foiblcs mains que pouvez-vous attendre î Contre tant d'ennemis qui pourra vous défendre î Ce n'eft plus un vain peuple en défordre aflcmblé. C'efl: d'un zèle fatal tout le camp aveuglé. Plus de pitié. Ca'lchas fcul règne, fcul commande. La piété févèrc exige fon offrande. Le roi , de fon pouvoir, fc voit dépofleder ; Et lui-même au torrent nous contraint de céder. Achille à qui tout cède , Achille à cet orage Voudroit lui-même en vain oppofer fon courage. Que fera-t-il , Madame ? Et qui peut diffipcr Tous les flots d'ennemis prêts à l'envelopper î

Clytemnestre. Qu'ils viennent donc fur moi prouver leur zèle impîe «  Et m'arrachent ce peu qui me refte de vie. La mort feule , la mort pourra rompre les noeuds Dont mes bras nous vont joindre & lier toutes deux.

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