Oubliez-vous ici qui vous interrogez ?
Oubliez-vous qui j’aime, & qui vous outragez ?
Et qui vous a chargé du soin de ma famille ?
Ne pourrai-je, sans vous, disposer de ma fille ?
Ne suis-je plus son père ? Etes-vous son époux ?
Et ne peut-elle ....
Non elle n’est plus à vous.
On ne m’abuse point par des promesses vaines.
Tant qu’un reste de sang coulera dans mes veines,
Vous deviez à mon sort unir tous ses momens,
Je défendrai mes droits fondés sur vos sermens ;
Et n’est-ce pas pour moi que vous l’avez mandée ?
Plaignez-vous donc aux dieux qui me l’ont demandée.
Accusez & Calchas & le camp tout entier,
Ulysse, Ménélas, & vous tout le premier.
Moi I
Vous qui, de l’Asie embrassant la conquête,
Querellez tous les jours le Ciel qui vous arrête ;
Vous qui, vous offensant de mes justes terreurs,
Avez dans tout le camp répandu vos fureurs.
Mon cœur, pour la sauver, vous ouvroit une voie ;
Mais vous ne demandez, vous ne cherchez que Troie.
Je vous fermois le champ, où vous voulez courir.
Vous le voulez, partez, sa mort va vous l’ouvrir.
Juste Ciel ! puis-je entendre & souffrir ce langage !
Est-ce ainsi qu’au parjure on ajoute l’outrage !
Moi, je voulois partir aux dépens de ses jours ?
Et que m’a fait à moi cette Troie où je cours ?
Au pied de ses remparts quel intérêt m’appelle ?
Pour qui, sourd à la voix d’une mère immortelle,