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Ï54 M IT H R I D AT E ,

Vous dépendez ici d'une main violente , Que le fang le plus cher rarement épouvante ; Et je n'oie vous dire à quelle cruauté Mithridate jaloux s'ell Ibuvent emporté. Peut-être c'eft moi feul que fa fureur menace. Peut-être , en me perdant , il veut vous faire grâce. Daignez, au nom des dieux, daignez en profiter. Par de nouveaux refus n'allez point l'irriter. Moins vous l'aimez , &: plus tâchez de lui complaire. Feignez. Eftbrcez-vous. Songez qu'il eft mon père. Vivez ; & permettez que , dans tous mes malheurs , Je puiflè à votre amour ne coûter que des pleurs,

M G N I M E.

Ah , je vous ai perdu I

X I P H A R É s.

Génércufe Monîmc, Ne vous imputez point le malheur qui m'opprime. Votre feule bonté n'eft point ce qui me nuit , Je fuis un malheureux que Je deftin pourfuit. C'ell lui qui m'a ravi l'amitié de mon père , Qui le fit mon rival , qui révolta ma mère ; Et vient de fufciter , dans ce moment affreux , Un fecret ennemi pour nous trahir tous deux.

M O N I M E.

Hé quoi ? Cet ennemi vous l'ignorez encore î

X I P H A R É s. Pour furcroît de douleur, Madame, je l'ignore. Heureux , fi je pouvois, avant que m'immoler , Percer le traître cœur qui m'a pu déceler.

M o N I M E.

Hé bien , Seigneur , il faut vous le faire connaîtrevj Ne cherchez point ailleurs cet ennemi , ce traître Frappez. Aucun refped ne vous doit retenir. J'ai tout fait j & c'ell moi que vous devez punir.

X I P rt A R É s. Vous l

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