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VIII.====

Atalide, Zatime

Atalide

Hélas! pour qui mon cœur doit-il faire des vœux?

J'ignore quel dessein les anime tous deux.

Si de tant de malheurs quelque pitié te touche,

Je ne demande point, Zatime, que ta bouche

Trahisse en ma faveur Roxane et son secret;

Mais, de grâce, dis-moi ce que fait Bajazet:

L'as-tu vu? Pour ses jours n'ai-je encor rien à craindre?

Zatime

Madame, en vos malheurs je ne puis que vous plaindre.

Atalide

Quoi? Roxane déjà l'a-t-elle condamné?

Zatime

Madame, le secret m'est sur tout ordonné.

Atalide

Malheureuse, dis-moi seulement s'il respire.

Zatime

Il y va de ma vie, et je ne puis rien dire.

Atalide

Ah! c'en est trop, cruelle. Achève, et que ta main

Lui donne de ton zèle un gage plus certain:

Perce toi-même un cœur que ton silence accable,

D'une esclave barbare esclave impitoyable.

Précipite des jours qu'elle me veut ravir,

Montre-toi, s'il se peut, digne de la servir.

Tu me retiens en vain, et dès cette même heure,

Il faut que je le voie, ou du moins que je meure.

====Scène