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Mais ce succès, Madame, est encore incertain.

Attendez.

Atalide

Non, vois-tu, je le nierais en vain.

Je ne prends point plaisir à croître ma misère.

Je sais pour se sauver tout ce qu'il a dû faire.

Quand mes pleurs vers Roxane ont rappelé ses pas,

Je n'ai point prétendu qu'il ne m'obéît pas;

Mais après les adieux que je venais d'entendre,

Après tous les transports d'une douleur si tendre,

Je sais qu'il n'a point dû lui faire remarquer

La joie et les transports qu'on vient de m'expliquer.

Toi-même, juge-nous, et vois si je m'abuse:

Pourquoi de ce conseil moi seule suis-je excluse?

Au sort de Bajazet ai-je si peu de part?

A me chercher lui-même attendrait-il si tard,

N'était que de son cœur le trop juste reproche

Lui fait peut-être, hélas! éviter cette approche?

Mais non, je lui veux bien épargner ce souci:

Il ne me verra plus.

Zaïre

Madame, le voici.

Scène IV.

Bajazet, Atalide, Zaïre

Bajazet

C'en est fait, j'ai parlé, vous êtes obéie.

Vous n'avez plus, Madame, à craindre pour ma vie,

Et je serais heureux, si la foi, si l'honneur

Ne me reprochait point mon injuste bonheur,

Si mon cœur, dont le trouble en secret me condamne,

Pouvait me pardonner aussi bien que Roxane.