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Et j’avais ſur ſon cœur une entière puiſſance ;
Je trouvais à luy plaire une extreſme douceur,
Et les chagrins du frère étaient ceux de la sœur.
Ah ! ſi j’avais encor ſur luy le meſme empire,
Il aimeroit la paix, pour qui mon cœur ſoupire.
Notre commun malheur en ſeroit adouci :
Je le verrais, Hémon ; vous me verriez auſſi !

Hémon
De cette affreuſe guerre il abhorre l’image.
Je l’ai vu ſoupirer de douleur & de rage,
Lorſque, pour remonter au troſne paternel,
On le força de prendre un chemin ſi cruel.
Eſpérons que le ciel, touché de nos misères,
Achèvera bientoſt de réunir les frères.
Puiſſe-t-il rétablir l’amitié dans leur cœur,
Et conſerver l’amour dans celuy de la sœur !

Antigone
Hélas ! ne doutez point que ce dernier ouvrage
Ne luy ſoyt plus aiſé que de calmer leur rage.
Je les connais tous deux, & je répondrais bien
Que leur cœur, cher Hémon, eſt plus dur que le mien.
Mais les dieux quelquefois font de plus grands miracles.
Scène 2
Antigone, Hémon, Olympe

Antigone
Eh bien ! apprendrons-nous ce qu’ont dit les oracles ?
Que faut-il faire ?

Olympe
Hélas !

Antigone
Quoi ? qu’en a-t-on appris ?
Eſt-ce la guerre, Olympe ?

Olympe
Ah ! c’eſt encore pis !