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5iS BRITANNICUS,

SCENE FIL

AGRIPPINE, BURRHUS.

A G R I P P I N E.

J\ H, Ciel, de mes foupçons quelle étoxt l'injuflic€ î Je condamnois Buirhus pour écouter Narciflè, Burrhus, avez-vous vu quels regards furieux Kéron , en me quittant , m'a laifTés pour adieux ? C'en eft fait. Le cruel n'a plus rien qui l'arrête ; Le coup qu'on' m'a prédit va tomber fur ma tête. Il vous accablera vous-mè:ne à votre tour,

B u R R H V s. Ah, Madame pour moi j'ai vécu trop d'un jour. Plût au Ciel que fa m.ain , heureufement cruelle , Eut fait fur moi l'eflai de fa fureur nouvelle ! Qu'il ne m'eût pas donné , par ce triftc attentat , Un gage trop certain des malheurs de l'Etat ! Son crime feul n'eft pas ce qui me défefpère ; Sa jaloulîe a pu l'aimer contre fon frère. Mais , s'il vous faut , Madame , expliquer ma douleur , Néron l'a vu mourir fans changer de couleur. Ses yeux indiiTérens ont déjà la confiance D'un tyran , dans le crime endurci dès l'enfance. Qu'il achève, Madame , & qu'il faffe périr Un Minilhe importun qui ne le peut foufFrir. Hélas , loin de vouloir évit«r fa colère, La plus foudaine nx)rt me fera la plus chère.

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