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iîi BRITA NNICUS

J'écoute vos confeils, j'ofe les approuver; Je m'excite concr'elle , & tâche à la braver. Mais, je t'expofe ici mon ame toute nue, Si-tôt eue mon malheur me ramène à fa vue , Soit que je n'ofe encor démentir le pouvoir De ces yeux , cù j'ai lu lî long-temps mon devoir; Soit qu'à tant de bienfaits ma mémoi;e fidelle , Lui foumerte eu fecret tout ce que je tiens d'elle : Mais enfin , mes efforts ne me fervent de rien , Mon génie étonné tremble devant le fîen. Et c'eft pour m'afFranchir de cette dépendance , Que je la fuis par-tout, que même je l'ofîènfe ; Et que , de temps en temps , j'irrite ùs ennuis , Afin qu'elle m'évite autant que je la fuis. Mais je t'arrècc trop , retire-toi , Narciffè ; Britannicus pourroit t'accufe;- d'artifice.

Narcisse. Non , non , Britannicus s'abandonne à ma foi. Par fon ordre, Seigneur , il croie que je vous voi ; Que je m'informe ici de tout ce qui le touche. Et veut de vos fecrets être inllruit par ma bouche. Impatient, fur-tout, de revoir ks amours. Il attend de mes foins ce fidèle fecours.

N F. F. G N.

J'y confens; porte-lui cette douce nouvelle : Il la verra.

Narcisse. Seigneur , banniflez-le loin d'elle. Néron. J'ai mes raifons , NarcifTe; & tu peux concevoir Que je lui vendrai cher le plaiiir de la voi» Cependant vante-lui ton heureux ftratagcme ; Dis-lui qu'en fa faveur on me trompe moi-mèaïc, Qu'il la voit fans mon ordre. On ouvre, la roiti. Va retrouver ton Maître , ôc l'amener ici.

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