Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée


remords son courage est atteint :

Le lâche craint la mort, et c’est tout ce qu’il craint. Quoi ? sans qu’elle employât une seule prière, Ma mère en sa faveur arma la Grèce entière ? Ses yeux pour leur querelle, en dix ans de combats, Virent périr vingt rois qu’ils ne connaissaient pas ? Et moi, je ne prétends que la mort d’un parjure, Et je charge un amant du soin de mon injure, Il peut me conquérir à ce prix, sans danger, Je me livre moi-même et ne puis me venger ! Allons : c’est à moi seule à me rendre justice. Que de cris de douleur le temple retentisse ; De leur hymen fatal troublons l’événement, Et qu’ils ne soient unis, s’il se peut, qu’un moment. Je ne choisirai point dans ce désordre extrême : Tout me sera Pyrrhus, fût-ce Oreste lui-même. Je mourrai ; mais au moins ma mort me vengera, Je ne mourrai pas seule, et quelqu’un me suivra.


Scène III

Oreste, Hermione, Cléone

Oreste

Madame, c’en est fait, et vous êtes servie : Pyrrhus rend à l’autel son infidèle vie.

Hermione

Il est mort ?

Oreste
 xxxxxxxxxxxxxxxx Il expire ; et nos Grecs irrités

Ont lavé dans son sang ses infidélités. Je vous l’avais promis ; et quoique mon courage Se fît de ce complot une funeste image, J’ai couru vers le temple, où nos Grecs dispersés Se sont jusqu’à l’autel dans la foule glissés.