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Madame, songez…
Hermione
 xxxxxxxxxxxxxxxx Ah ! c’en est trop, Seigneur.

Tant de raisonnements offensent ma colère. J’ai voulu vous donner les moyens de me plaire, Rendre Oreste content ; mais enfin je vois bien Qu’il veut toujours se plaindre, et ne mériter rien. Partez : allez ailleurs vanter votre constance, Et me laissez ici le soin de ma vengeance. De mes lâches bontés mon courage est confus, Et c’est trop en un jour essuyer de refus. Je m’en vais seule au temple où leur hymen s’apprête, Où vous n’osez aller mériter ma conquête. Là, de mon ennemi je saurai m’approcher, Je percerai le cœur que je n’ai pu toucher, Et mes sanglantes mains, sur moi-même tournées, Aussitôt, malgré lui, joindront nos destinées ; Et tout ingrat qu’il est, il me sera plus doux De mourir avec lui que de vivre avec vous.

Oreste

Non, je vous priverai de ce plaisir funeste, Madame : il ne mourra que de la main d’Oreste. Vos ennemis par moi vont vous être immolés, Et vous reconnaîtrez mes soins, si vous voulez.

Hermione

Allez. De votre sort laissez-moi la conduite, Et que tous vos vaisseaux soient prêts pour notre fuite.


Scène IV

Hermione, Cléone

Cléone

Vous vous perdez, Madame, et vous devez songer…

Hermione