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Je veux croire avec vous qu’il redoute la Grèce, Qu’il suit son intérêt plutôt que sa tendresse, Que mes yeux sur votre âme étaient plus absolus.

Oreste

Non, Madame : il vous aime, et je n’en doute plus. Vos yeux ne font-ils pas tout ce qu’ils veulent faire ? Et vous ne vouliez pas sans doute lui déplaire.

Hermione

Mais que puis-je, Seigneur ? On a promis ma foi. Lui ravirai-je un bien qu’il ne tient pas de moi ? L’amour ne règle pas le sort d’une princesse : La gloire d’obéir est tout ce qu’on nous laisse. Cependant je partais, et vous avez pu voir Combien je relâchais pour vous de mon devoir.

Oreste

Ah ! que vous saviez bien, cruelle… Mais, Madame, Chacun peut à son choix disposer de son âme. La vôtre était à vous. J’espérais ; mais enfin Vous l’avez pu donner sans me faire un larcin. Je vous accuse aussi bien moins que la fortune. Et pourquoi vous lasser d’une plainte importune ? Tel est votre devoir, je l’avoue ; et le mien Est de vous épargner un si triste entretien.


Scène III

Hermione, Cléone

Hermione

Attendais-tu, Cléone, un courroux si modeste ?

Cléone

La douleur qui se tait n’en est que plus funeste. Je le plains d’autant plus qu’auteur de son ennui, Le coup qui l’a perdu n’est parti que de lui. Comptez depuis quel temps votre hymen se prépare ; Il a parlé, Madame, et Pyrrhus se déclare. {{personnage|