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loî ALEXANDRE,

Pcufci-vous que ma haine en foit moins violente ,

Pour voir baifer par tout la main qui me tourmente ?

Tant de rois , par vos foins , vengés ou fccourus.

Tant de peuples contcns me rendent-ils Porus?

Non , Seigneur, je vous hais d'autant plus qu'on vous armCj

D'autant plus qu'il me faut vous admirer moi-même j

Que l'univers entier m'en inipofe la loi ,

Et que perfoiine enfin ne vous hait avec moi.

Alexandre. J'excufe les tranfports d'une amitié iî tendre; Mais , Madame , après tout , ils doivent me furprendrr-» Si la commune voix ne m'a point ahufé , Porus d'aucun regard ne fut favorifé. Entre Taxile 8c lui votre cœur en balance , Tant qu'ont duré fcs jours, a gardé le fîlencc ; Et loifqu'il ne peut plus vous entendre aujcurd'huî,' Vous commencez, Madame, à prononcer pour lui. Penfez-vous que, f;n(îble à. ceztc avdeurnouvellc , S.i cendre exig: cncor que vous brûliez pour elle? Ne vous accal lez point d'inutiles douleurs ; Des foins plus impoitans vous appellent ailleurs. Vos larmes ont afîèz honoré fa mém.oire. Régnez, ôc de ce rang foutenez mieux la gloire j Et redonnant le calme à vos fens défoléj , Ralîlircz vos Etars par fa chute ébranlés. Parmi tant de grands rois choiliiFez-Ieur un maîtras Plus ardent que jamais Taxile . . .

A X I A N E.

Quoi , le traître î Alexandre. Hé , de grâce , prenez des fentimens plus doux.j Aucune trahifon ne le fouille envers vous. Maître de fcs Etats , il a pu fe refoudre A fe mettre avec eux à couvert de la foudre» Ni ferment , ni devoir ne l'avoient engagé A courir dans l'abîme où Porus s'ett plongé. Enfin , fouvenez-vous qu'Alexandre lui-même S'intéreile au bonheur d'un Prince qui vous aimr^

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