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On me parle de paix ? & le camp de Taxile
Garde, dans ce désordre, une assiette tranquille !
On flatte ma douleur d’un calme injurieux !
Sur des objets de joie on arrête mes yeux !

Cléofile.

Madame, voulez-vous que l’amour de mon frère
Abandonne aux périls une tête si chère ?
Il fait trop les hazards ...

Axiane.

Et pour m’en détourner.
Ce généreux amant me fait emprisonner !
Et tandis que, pour moi, son rival se hazarde,
Sa paisible valeur me sert ici de garde !

Cléofile.

Que Porus est heureux ! Le moindre éloignement
A votre impatience est un cruel tourment ;
Et si l’on vous croyoit, le soin qui vous travaille
Vous le feroit cherche jusqu'au champ de bataille»

Axiane.

Je ferois plus. Madame. Un mouvement si beau
Me le feroit chercher jusques dans le tombeau ;
Perdre tous mes Etats, & voir d'un oeil tranquille
Alexandre en payer le cœur de Cléofile.

Cléofile.

Si vous cherchez Porus , pourquoi m’abandonner ?
Alexandre , en ces lieux , pourra le ramener.
Permettez que , veillant au soin de votre tête ,
A cet heureux amant l’on garde sa conquête.

Axiane.

Vous triomphez, Madame, & déjà votre cœur
Vole vers Alexandre , & le nomme vainqueur.
Mais sur la feule foi d’un amour qui vous flatte ,
Peut-être, avant le temps, ce grand orgueil éclate :
Vous poussez un peu loin vos vœux précipités;
Et vous croyez trop-tot ce que vous souhaitez.
Oui , oui ...

Cléofile.

Mon frère vient ; & nous allons apprendre