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TRAGÉDIE. «1,

Je vois d'un œil content trembler la terre entière , Afin que par moi fcul les mortels fecourus , S'ils font libres , le foient de la main de Porus ; Et qu'on dife par tout, dans une paix profonde; Alexandre vainqueur eût domté tout le Monde ; Mais un Roi l^attenioit au bout de VUnivers far qui le Monde entier a vu brifer fes fers.

I^PHESTION.

Votre projet.du moins, nous marque un grand courage J Mais , Seigneur , c'ell bien tard s'oppofer à l'orage. Si le Monde penchant n'a plus que cet appui , Je le plains , & vous plains vous-même autant que luû

  • ' ne vous retiens point. Marchez contre mon Maître :

oudrois feulement qu'on vous l'eût fait connoîtrc; ..i que la Renommée eut voulu , par pitié , De fcs exploits, au moins , vous conter la moitié;

Vous verriez

Porus. Que verrois-je , & que pourrois-jc apprendre Qui m'abaifie Ci fort au-deflbus d'Alexandre î Scroir-ce fans efïbrt les Pcrfans fubjugués , Et vos bras tant de fois de meurtres fatigués ? Quelle gloiic , en eôè-t , d'accabler la foifalelfc ■ D'un Roi , déjà vaincu par fa propre mollcflc; D'un peuple fans vigueur & prefque inanimé , Qui gémiÂbit fous l'or dont il étoit armé ; Et qui , tombant en foule, au lieu de fe défendre, N'oppofoit que des morts au grand coeur d'Alexandre î

' autres éblouis de fes moindres exploits ,

u venus à genoux lui demander des loix ;

icur crainte écoutant je ne fais quels oracles , n'ont pas cru qu'un Dieu pût trouver desobftaclc». M ais nous , qui d'un autre œil jugeons des Conquérans » Nous favons que les Dieux ne font pas des tyrans > Et de quelque façon qu'un efclavc le nomme , Le fils de Jupiter paflc ici pour un homme. Nous n'allons point de fleurs parfumer fon chemin 5

nous trouve par-couc les armes à la main.

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