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TRAGEDIE

Mais cét amour l’emporte. Et par vn coup funeſte,
Andromaque m’arrache vn cœur qu’elle déteſte.
L’vn par l’autre entraiſnés, nous courons à l’Autel
Nous jurer, malgré nous, vn amour immortel.
Apres cela, Madame, éclatez contre vn Traiſtre,
Qui l’eſt auec douleur, & qui pourtant veut l’eſtre.
Pour moy, loin de contraindre vn ſi iuſte courroux,
Il me ſoulagera peut-eſtre autant que vous.
Donnez-moy tous les noms deſtinez aux Parjures.
Ie crains voſtre ſilence, & non pas vos injures,
Et mon Cœur ſouleuant mille ſecrets teſmoins,
M’en dira d’autant plus que vous m’en direz moins.

HERMIONNE.

Seigneur, dans cét aueu deſpoüillé d’artifice,
I’aime à voir que du moins vous vous rendiez juſtice,
Et que voulant bien rompre vn nœud ſi ſolennel,
Vous vous abandonniez au crime en criminel.
Eſt-il juſte apres tout, qu’vn Conquerant s’abaiſſe
Sous la ſeruile loy de garder ſa promeſſe ?
Non, non, la Perfidie a dequoy vous tenter.
Et vous ne me cherchez que pour vous en vanter.
Quoy ? Sans que ny ſerment, ny deuoir vous retienne,
Rechercher vne Grecque, Amant d’vne Troyenne ?
Me quitter, me reprendre, & retourner encor
De la Fille d’Helene, à la Veuue d’Hector ?
Couronner tour à tour l’Eſclaue, & la Princeſſe,
Immoler Troye aux Grecs, au Fils d’Hector la Grece ?
Tout cela part d’vn cœur touſiours maiſtre de ſoy,
D’vn Heros qui n’eſt point Eſclaue de ſa foy.