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M. Arnauld de faire un recueil des plus considérables passages des Pères sur l’eucharistie, et de partager ces passages en plusieurs leçons pour les matines de tous les jeudis de l’année. Ce recueil est ce qu’on appelle l’Office du Saint-Sacrement. M. le duc de Luynes, qui depuis sa retraite avait fort étudié les Pères de l’Eglise, et qui avait un très beau génie pour la traduction, s’employa aussi à ce travail. C’est à quoi il s’appliquait dans la solitude, et non pas à ces occupations basses et serviles que les courtisans lui attribuaient faussement, pour tourner en ridicule une vie très noble et très chrétienne qu’ils ne se sentaient pas capables d’imiter.

Ce fut aussi en ce même temps que l’illustre M. Pascal connut Port-Royal et M. Arnauld. Cette connaissance se fit par le moyen de Mlle  Pascal, sa sœur, religieuse dans ce monastère. Cette vertueuse fille avait fait beaucoup d’éclat dans le monde par la beauté de son esprit et par un talent singulier qu’elle avait pour la poésie ; mais elle avait renoncé de bonne heure aux vains amusements du siècle, et était une des plus humbles religieuses de la maison. Lorsqu’elle y entra, elle avait voulu donner tout son bien au couvent ; mais la Mère Angélique et les autres Mères ne voulurent pas le recevoir, et obtinrent d’elle qu’elle n’apporterait qu’une dot assez médiocre. Un procédé si peu ordinaire à des religieuses