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elles semblaient néanmoins ne dire sur la grâce que presque les mêmes choses que disaient les défenseurs de saint Augustin.

M. Cornet n’osa pas avancer qu’elles fussent extraites de Jansénius, et il déclara même, dans l’assemblée de la Faculté, qu’il n’était pas question de Jansénius en cette occasion. Mais les docteurs attachés à la doctrine de saint Augustin, ayant reconnu l’artifice, se récrièrent que ce n’était point la coutume de la Faculté d’examiner des propositions vagues et sans nom d’auteur ; que celles-ci étaient des propositions captieuses, et fabriquées exprès pour en faire retomber la condamnation sur la grâce efficace ; et voyant qu’on ne laissait pas de nommer des commissaires, soixante-dix d’entre eux appelèrent comme d’abus de tout ce qu’avait fait le syndic. Le Parlement reçut leur appel, et imposa silence aux deux partis.

[1650] Mais les jésuites et leurs partisans ne s’en tinrent pas là. Ils écrivirent une lettre au pape Innocent X, pour le prier de prononcer sur ces mêmes cinq propositions. Ils ne disaient pas qu’elles eussent été tirées de Jansénius, mais seulement qu’elles étaient soutenues en France par plusieurs docteurs, et insinuaient que le livre de cet évêque y avait excité de fort grands troubles parmi les théologiens. Cette lettre fut composée par M. Habert, évêque de Vabres,