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tous les inconvénients où l’on s’exposait en la refusant ; mais comme on ne lui trouvait point assez de vocation, elle fut refusée tout d’une voix. Elle sortit du monastère outrée de dépit, et songea aussitôt à revenir contre la donation qu’elle avait faite. Les religieuses avaient plus d’un moyen pour s’empêcher en justice de lui rien rendre ; mais elles ne voulurent point de procès. On vendit des rentes, on s’endetta ; en un mot on trouva moyen de ramasser cette grosse somme, qui fut rendue à cette dame par un notaire en présence de M. Le Nain, maître des requêtes, et de M. de Palluau, conseiller au Parlement, aussi charmés tous deux du courage et du désintéressement de ces filles que peu édifiés du procédé vindicatif et intéressé de la fausse bienfaitrice.

Un des grands soins de la Mère Angélique, dans les urgentes nécessités où la maison se trouvait quelquefois, c’était de dérober la connaissance de ces nécessités à certaines personnes qui n’auraient pas mieux demandé que de l’assister. « Mes filles, disait-elle souvent à ses religieuses, nous avons fait vœu de pauvreté ; est-ce être pauvres que d’avoir des amis toujours prêts à vous faire part de leurs richesses ? »

Il n’est pas croyable combien de pauvres familles, et à Paris et à la campagne, subsistaient des charités que l’une et l’autre maison leur faisaient. Celle des Champs a eu longtemps un médecin et un chirurgien