Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle crut retrouver en lui le saint évêque de Genève[1], par qui elle avait été autrefois conduite ; et les autres religieuses prirent aussi en lui la même confiance. En effet, pour me servir ici du témoignage public que lui a rendu un prélat[2] non moins considérable par sa piété que par sa naissance, « ce savant homme n’avait point d’autres sentiments que ceux qu’il avait puisés dans l’Écriture sainte et dans la tradition de l’Église. Il ne parlait point d’autre langage que celui de la parole de Dieu ; et, bien loin de conduire les âmes par des voies particulières et écartées, il ne savait point pour les mener à Dieu d’autre chemin que celui de la pénitence et de la charité. »

Toutes ces filles firent en peu de temps un tel progrès dans la perfection sous sa conduite, que l’évêque de Langres ne cessait de remercier Dieu du confesseur qu’il lui avait inspiré de leur donner.

Dans le ravissement où était ce prélat, il proposa plusieurs fois à l’abbé de souffrir qu’il travaillât pour le faire nommer son coadjuteur à l’évêché de Langres ; et, sur son refus, il le pressa de vouloir au moins être son directeur. Mais l’abbé le pria de l’en dispenser, lui faisant entendre qu’il y aurait peut-être plusieurs choses sur lesquelles ils ne seraient point d’accord ;

  1. Saint François de Sales.
  2. M. de Laval, évêque de la Rochelle (note du ms.).