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et la prièrent, non seulement de les aider à former cet institut, mais d’en vouloir même accepter la direction, et de donner quelques-unes de ses religieuses pour en commencer avec elle l’établissement.

Cette proposition fut d’autant plus de son goût qu’il y avait déjà plus de quinze ans[1] que cette même assistance continuelle devant le Saint-Sacrement avait été établie à Port-Royal, d’abord pendant le jour seulement, et ensuite pendant la nuit même. Toutes les religieuses de ce monastère, ayant appris un si louable dessein, furent touchées d’une sainte jalousie de ce qu’on fondait pour cela un nouvel ordre, au lieu de l’établir dans Port-Royal même. Elles demandèrent avec instance que, sans chercher d’autre maison que la leur, on leur permît d’ajouter les pratiques de cet institut aux pratiques de leur règle, et de joindre en elles le nom glorieux de filles du Saint-Sacrement à celui de filles de Saint-Bernard.

La princesse était d’avis de leur accorder leur demande, mais l’évêque persista à vouloir un ordre et un habit particuliers. Ce prélat était un homme plein de bonnes intentions, et fort zélé, mais d’un esprit variable et très borné. Il avait plusieurs fois changé le dessein de son institut. Il voulait d’abord en faire

  1. Les historiens postérieurs ont corrigé cette faute, et substitué deux ans à quinze.